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  • Patrice Realm

La Parole Aux Victimes


Sensibiliser un maximum de personnes à la question des victimes, tout en incitant les personnes victimes qui n'osent pas parler à le faire. Toutes les personnes en tant que victimes ou proches de victimes doivent savoir qu'il/elle n'est pas seul.e et qu'il/elle peut obtenir de l'aide gratuitement par des professionnels formés.

L'engagement quoditien de France Victimes : permettre à toutes les personnes concernées d'avoir connaissance de leurs droits et comment les faire valoir, d'être soutenues psychologiquement et dasn toutes les démarches administrtives et sociales. Pour cela, le 116006 est disponible 7 jours/7.


S'il est parfois difficile de témoigner à visage découvert, certains (certaines) osent le faire.

Aujourd'hui, la parole est prise par Mme Emma-Claire (d'Aismée) Fierce de la Cascade d'Orée sur son parcours dans son changement de Nom.



" Comment vous appelez vous ?


Je m'appelle Emma-Claire (d'Aismée) Fierce de la Cascade d'Orée.

Aismée est mon second prénom, c'est pour cela qu'il se trouve entre parenthèse.


Comment avez-vous choisi votre nom ?


C'est le fruit issue d'une longue réflexion. Ce n'est pas quelque chose qui arrive par hasard, ça prend du temps et c'est le résultat issu d'un long travail personnel.


Avez-vous été accompagnée dans votre changement de nom ?

Oui et non.

Non parce que le choix d'un nom est personnel, et après certains traumas, avoir la capacité de choisir est essentielle et oui, parce qu'après un trauma, un suivi effectué par des professionnels tels que des psychothérapeutes et des juristes pour la partie administrative est important.


Particulièrement, dans le cas où l'on a été victime, sans système de soutien, la mécanique d'un système déshumanisé tel que la justice peut être alors encore plus destructrice que le trauma subi lui-même.


Moi, je conseille d'être accompagné parce que se reconstruire est déjà si compliqué qu'ajouter une difficulté supplémentaire n'est pas nécessaire, mais il faut être conscient que cela a un coût, et alors arrive la seconde injustice en plus d'avoir été victime : devoir payer pour sa propre reconstruction, mais c'est un autre sujet.

Pourquoi avez-vous décidé de changer de nom ? Les raisons sont diverses, ce qui compte c'est l'officialisation de ce nom, parce que la Justice prend du temps, et donc de la vie de la victime. Ce qui est aussi important, tout comme le droit de jouir de son propre corps, c'est de pouvoir choisir qui l'on est et qui l'on décide de devenir dans la vie, et encore une fois, après avoir été victime, c'est-à-dire amputé d'une partie de soi et de son existence, c'est particulièrement important pour ne pas dire essentiel.


Moi, cela a mis des années avant d'aboutir à ce choix de nom et pour en voir son utilisation courante, mais pour certains, cela peut prendre moins de temps. Ce qui compte c'est que cela soit un acte réfléchi et conscient.

Quels est le plus positif de cette procédure ? Le plus beau c'est vraiment quand les personnes prononcent enfin votre nom.

Les premières fois, ça me faisait bizarre, ça me donnait envie de pleurer.

Bien évidement, je me retenais car ce n'est pas socialement acceptable de pleurer à l'entente de son nom. Seules les personnes conscientes de tout ce que cela m'a coûté savaient ce que je pouvais ressentir, même si, elles ne voient, en réalité qu'un infime bout de tout ce que l'on traverse, c'est pour cela que j'écris des livres, pour partager mon expérience.


Si vous deviez résumer et dire quelque chose à ceux qui songent changer de nom ?

C'est un processus qui demande du temps et de la force, plus que personne ne peut s'imaginer, mais cela en vaut l'investissement parce qu'entendre enfin son nom à soi, c'est un peu comme se réveiller d'un coma où l'on était placé sous aide respiratoire : au début, ça fait tout drôle et on est un peu engourdi mais la joie de pouvoir enfin marcher et respirer à plein poumons, c'est une sensation unique. C'est la sensation de vivre alors qu'importe le temps où le coût, si cela permet d'apporter un peu de joie ou de bonheur dans la vie des personnes qui se reconstruisent, c'est l'essentiel. Et si vous deviez dire quelque chose à ceux qui ne changeront jamais de nom mais qui voient ces personnes qui changent de nom ?

Simplement d'être compréhensif et d'aider, parce que, c'est déjà si compliqué et difficile qu'ajouter des difficultés est pire. Donc juste aider, soutenir et être emphatique.


Nous la remercions pour son précieux témoignage qui, nous en sommes certains, donnera du courage à d'autres.

Enfin si vous souhaitez témoigner en toute confidentialité, l'adresse mail mentionner plus haute est disponible.


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